In memoriam James Crawford

Sa famille, ses amis et le monde des internationalistes ont été plongés dans une immense tristesse à l’annonce du décès de James Crawford.

Pour l’Académie de droit international de La Haye cette disparition est particulièrement douloureuse car elle signifie la perte d’un très grand ami de l’Académie – ce dont elle a grand besoin – et d’un très efficace soutien à son action.

Nous avons tous beaucoup appris de James Crawford en lisant ses travaux aussi nombreux que riches, en associant son nom à de multiples questions de droit international (et pas la seule responsabilité), en consultant ses plaidoiries habiles et subtiles, en admirant l’essor qu’il a su donner aux sujets dont il s’était emparé.

L’Académie a amplement profité de cette intelligence exceptionnellement féconde, plus particulièrement lorsqu’il a délivré le cours général de l’été 2013. J’ai été frappé en assistant à ce cours de la popularité inouïe de James Crawford auprès des étudiants, ceux de Cambridge ou d’Australie, venus nombreux, autant que ceux du reste du monde. Ils témoignaient ainsi du fait qu’il était certainement le mieux connu de tous les professeurs de droit international de l’ensemble du monde que ces étudiants représentaient.

Entré au Curatorium de l’Académie en 1999, il avait fait partie du comité de sélection qui avait proposé mon nom au Curatorium pour succéder Geneviève Bastid-Burdeau en qualité de Secrétaire général de l’Académie. Je me souviens du caractère à la fois sérieux et amical d’un entretien préalable que j’avais eu avec lui. Ce jour-là, j’ai éprouvé l’impression que, de mon côté, une amitié était née. Elle ne m’a jamais quitté depuis.

Au sein du Curatorium il était aimé et respecté de tous qui lui vouaient une sincère admiration. Je n’en veux pour preuve que le geste de tous ses membres, venus revêtus de leur costume universitaire assister à la remise du Doctorat Honoris Causa que la Sorbonne lui avait attribué.

Au Curatorium, ses interventions étaient mesurées, en nombre et en longueur. Quelques phrases brèves révélaient un art peu commun de la synthèse et une aptitude exceptionnelle à la persuasion d’un groupe. Au cours de toutes ces années je n’ai jamais vu une seule de ses propositions rejetée ni aucune de ses objections négligée. Son apport fut décisif. Travailleur infatigable, à ses tâches multiples il ajoutait une attention minutieuse à tout ce qui concernait l’Académie.

Aujourd’hui, l’Académie de droit international de La Haye ne peut offrir à sa mémoire qu’une expression bien modeste et bien insuffisante de toute la gratitude qu’elle lui doit, et pour longtemps.

Professeur Yves Daudet
Président du Curatorium

James-Crawford@4x